Tombées de la Nuit

Publié le par Corn-Flakes

Les Tombées de la Nuit, c'est un festival d'art de rue qui a lieu sur Rennes. Comme cette ville est assez morte en été et que je n'avais rien d'autre à faire, et bien, j'y ai participé. Voici mon périple sur les cinq jours de ce festival :

 

Jour 1 : Y a des gens qui regardent des femmes enveloppées de tissus se déplacer dans les lieux, ramper par terre et parfois sortir un bras ou une tête. Outre la provocation de ce vêtement à un endroit à majorité musulmane, la curiosité de cet évènement ne dure pas plus d'une minute, on s'en lasse vite. Comme le discours de l'adjoint à la culture d'ailleurs. Sauf que là, à la fin, y a un buffet. Et comme en plus il est super bon, on est heureux d'être venu et d'avoir poireauté. Suite à cela, les activités artistiques recommencent. Deux femmes outrageusement déguisé en femmes du XVIIIème siècle débarquent et avec un ukulélé et deux puissantes voix lyriques, elles reprennent de grands classiques tel que  Should I Stay or Should I Go, des Clash , ou encore, et c'était ma favorite,  Antisocial, de Trust . La prestation dure juste le temps qu'il faut pour ne pas tomber dans l'ennui, car après tout, le même principe collé à diverses chansons, ça devient répétitif rapidement. Après, y a une fanfare qui reprend AC/DC. C'est cool, mais comme c'est purement instrumental, là aussi on se lasse assez vite. Bon, je reste tout de même jusqu'au bout, et ce malgré le fait que j'avais un rendez-vous à 21 heures. Je m'y rends donc avec une demi-heure de retard, mais ayant complètement oublié dans quel lieu il s'agissait, j'erre dans la rue vainement avant de finir par m'asseoir par défaut à une terrasse avec des gens peu palpitant. Gens qui seront très ravis de se voir ainsi nommés sur ce blog. Mais gens, tu l'as mérité après tout !

 

Jour 2 : Cette fois, direction le Thabor, j'ai peu de temps et pas mal de spectacles à voir. Mais très vite, je déchante à la vue de l'attente que demande les attractions. Alors, je vais au stand où l'attente elle-même est une attraction. Il s'agit de la 4L Infernale, dans laquelle on ne peut donc rentrer que quatre par quatre. Et pour faire patienter tout ce beau monde, un bonimenteur harangue la foule avec des propos racistes, pédophiles, et autres joyeusetés. Ce mec en définitif cool, rongé par le sarcasme vous fait presque oublier votre attente, et vous vous retrouvez même totalement attristé de quitter sa verve lorsque c'est votre tour d'entrer dans la 4L. J'hésite à enchaîner un autre spectacle, mais une diversion s'impose et je me retrouve bien vite à la terrasse d'un café, avec des gens un peu plus palpitants. Gens, d'ailleurs, je te remercie pour cette gentille soirée, m'inviter à son appartement est un grand risque que peu d'autres gens prennent, et je t'en suis reconnaissant. 

 

Jour 3 : Je viens de me rendre compte que j'ai perdu mon compte-rendu des spectacles de ce troisième jour. Il va donc me falloir travailler de mémoire. Il me semble avoir été dans un premier temps voir le spectacle MOB. Il s'agit d'une version parodique de Carmen, une lutte entre deux hommes (le toréador raffiné, et la brute se retrouvant métamorphosé en taureau) pour s'arracher une femme. C'est basique, mais efficace, drôle et captivant. d'autant plus que j'ai eu cette chance d'être à côté d'un malade mental qui criait tout son soutien pour le taureau lors de la lutte finale. De quoi enjoliver une journée ! Après, j'ai une nouvelle fois rejoins le Thabor pour voir un mec déguisé en arbre se balader dans le parc jusqu'à ce qu'une fille installe péniblement sa nappe de pique-nique et s'allonge dessus. S'ensuit une étrange et sensuelle chorégraphie, que j'ai trouvé pour ma part totalement merveilleuse à deux moments particuliers. Le premier étant celui de l'emboîtement des deux corps (avec toute la dimension sexuelle qui est associée, bien sur), et le second étant ce moment où la chanson Perfect Day de Lou Reed se déclenche et que la danse devient une lutte pour accéder à la nourriture. Les chips, le coca-cola et le ketchup recouvrent les corps, et on commence à espérer du cannibalisme lorsque le spectacle s'arrête. C'est dommage, mais le tout reste très, très très appréciable. Ensuite, j'essaye de voir le spectacle des marionnettes porno, mais là encore, la queue est trop dense (sans jeu de mots) et j'abandonne. Ayant le compte-rendu d'autres gens à la sortie de ce show, je décide finalement de ne plus essayer d'aller le voir, d'économiser mon temps et mes deux euros pour autre chose. Autres gens, c'était cool de te croiser, bientôt, tu auras peut être le droit à la critique de ta pièce de théâtre sur ce blog. Pour terminer la soirée, pas de gens cette fois, mais des concerts. Le premier, c'est Monofocus, et c'est plutôt sympa, avec des vrais bouts de blues dedans, une chanson (celle avec l'ours) qui aurait pu être composée par Tom Waits en personne, et une reprise de Psyché Rock que Pierre Henry aurait trop kiffé s'il était pas trop vieux pour sortir de chez lui (car oui, il est encore vivant, ne l'oublions pas). Le second et dernier concert, c'est un groupe dont on m'en avait déjà beaucoup parlé, mais que je n'avais encore jamais pris la peine d'écouter. Il s'agit de Güz II, un trio sax/guitare/percussions (ou violon), avec en prime un travesti qui fait le show sur scène en essayant péniblement de marcher avec des talons. Respect mec. C'est bizarre, captivant, planant, etc. Le son en plus est génial et les basses vibrent à s'en régaler les tympans. J'aurais pu avoir un orgasme auditif si la journée et le concert d'avant ne m'avait pas autant épuisé. Et du coup, même si j'apprécie le concert, je n'ai qu'une hâte, rentrer chez moi et me pieuter. En ayant au préalable plancher sur ce foutu montage de Street Golf, histoire de me rassurer en disant que j'arrive à en faire quelque chose, petit bout par petit bout, lentement mais sûrement. Voilà, il me semble ne rien avoir oublié pour ce troisième jour, la mémoire ne me faisant donc pas encore défaut.

 

Jour 4 : Ce jour-ci, je me dis que je tenterais bien de voir les marionettes faisant du porno finalement. Et puis j'ai aussi Cerise Noire à aller voir, un spectacle proposant de faire un film en direct devant le public et de le projeter en même temps. Mais finalement, y a des gens qui sonnent à votre porte à 9h du mat. Et vous restez le reste de la journée avec. Gens qui n'étaient d'ailleurs pas au pluriel, mais gens que je remercie tout de même. T'es super cool baby (expression beauf j'en conviens, mais tu sauras y mettre le ton qu'il faut pour gagner en charme). Et en plus il pleut, ça n'arrange pas la volonté saugrenue de sortir dehors.

 

Jour 5 : Le cinquième jour, pour moi, c'est le jour en trop. Celui où rien me plaît, celui où j'attends seul pendant des heures pour être déçu, celui où toute ma joie accumulée jusqu'alors retombe à zéro. Le néant total. Pourtant, elle commence bien cette journée car il y a des filles employées par Coca-Cola qui donnent des bouteilles gratuites. On la sirote tranquillement en attendant le spectacle, on est bien posé et tout ça, y a pas à se plaindre. Le spectacle en question c'est Entre serre et terre. C'est une sorte de danse burlesque utilisant des objets de jardiniers (la serre donc, mais aussi des fourches, un tuyau d'arrossage, une pierre, etc.). C'est gentil, mais il manque vraiment un petit quelque chose pour que ce spectacle prenne une autre ampleur. En plus, le public est agaçant, il rigole niaisement au moindre truc. Je déteste ce genre de public, ça me donne envie de les frapper. Du coup chez moi, la sauce ne prend pas, j'hésite à partir, mais comme je n'ai rien d'autre à faire, je reste sous le prétexte de on sait jamais ce qui peut arriver, le spectacle peut devenir bien, un membre du public peut faire une crise cardiaque ou un des acteurs se faire embrocher par une fourche. Et ça m'aurait bien fait chier de louper tout ça ! Malheureusement, rien de palpitant n'a eu lieu, et déçu, je reprends ma route. Il me reste un spectacle à voir, un seul, mais il faut l'attendre, voilà le problème. ce spectacle, j'en ai déjà parlé, c'était Cerise Noire que n'avais du coup pas pu voir hier. Je sacrifie au passage le concert de Socalled pour m'y rendre. Mais j'ai également des heures à tuer, alors je retourne à la 4L Infernale, je m'installe dans le public du public et je profite allégrement des paroles du bonimenteur. Ce mec est vraiment un génie, y a rien à redire. Et en plus il donne des cigares et des bières à des gosses. Si j'avais une petite fille de sept ans, je la lui aurais probablement vendu. La faim me tenaille et j'ai envie de McDo. Par une chance incroyable, ce dernier est fermé pour cause de rénovations. Alors, pour compenser, je veux manger un truc bien gras, et je pense aussitôt au Scoubidou, spécialité locale suintant de graisse avec en prime des steaks hachés et des frites. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il n'y a plus de Scoubidou non plus... Je me rends donc à ce dernier spectacle, affamé et déprimé. Il a intérêt à être bien sinon je me tire une balle tout en me taillant les veines et en faisant une overdose d'héroïne en rentrant. Je me rassure en me disant que le principe est excellent, qu'il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas. Et en effet, ça fonctionne, c'est bien pensé, rigolo et tout ça. Sauf que, car j'étais dans ma journée où j'étais chiant et que je me plaignais régulièrement, sauf que à mon goût, ça aurait pu être beaucoup plus poussé, que le spectacle proposé est certes très original, mais que ça reste trop surfait au final. Et c'est bien dommage, d'autant plus qu'il y avait tout de même Hitler et même une comédie musicale à la toute fin. Bref, maussade, je rentre chez moi, c'est toujours triste de finir sur une mauvaise note, d'autant plus que le festival en lui-même est vraiment une excellente initiative et que l'originalité et la qualité des spectacles est au rendez-vous. Et en prime, la majorité des spectacles sont gratuits.

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O
<br /> <br /> Mais t'as réussi à l'emballer Carmen après le spectacle ?<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> D'où le Jour 4.<br /> <br /> <br /> <br />